Sur l'amour et le temps...
Athènes, le 28 septembre 2015
Combien de secondes peux-tu rester dans le noir ? Combien de minutes ? Combien d’heures ? Non, ne ferme pas les yeux, n’essaie même pas, c’est stupide, parce que l’obscurité je connais, et ce n’est pas un jeu. Je suis resté 28 ans dans le noir, regarde-moi, 28 ans sans connaître la lumière, ou si, et c’est grave, quand on croit qu’on voit tout et qu’il s’avère que toute notre vie était un mensonge fabriqué de toute pièce, que tout ce que nous avons vécu jusque-là, n’était qu’un épisode d’une longue série obscure d’évènements obscures réalisés par des gens maladivement pervers qui faisaient que la société soit ainsi, que nous n’y pouvions rien, ils nous empêchaient, ils m’empêchaient d’y voir clair, jusqu’au jour où une caresse suffit pour enlever, violemment, le voile épais que j’avais sur les yeux et qui me servait de retraite indélébile et volontaire.
Ton sourire m’a sauvé, ta douceur, ta bonté a fait que je recouvre la vision, c’est comme l’histoire de cette larme perdue au fond d’un océan de pleurs et morte sur une lèvre brûlée d’amour, joyeuse.
C’est comme l’histoire de cette colère divine qui fait que les cœurs ne s’aiment plus que pour ensuite se mépriser, que les corps ne s’entrechoquent plus que pour assouvir des désirs bestiaux et primitifs, c’est comme l’histoire de ce cœur qui était condamné au même destin que les autres, c’est-à-dire à vivre le plus longtemps possible sans battement et doucement, sans gêne, faner soudainement dans un jardin d’automne au milieu de toutes ces feuilles sèches, au centre d’un univers qui s’en fou, et soudain, ce cœur a commencer a vivre, il bat, très fort, il a un sens a sa vie, un dessein.
Comme c’est beau de rencontrer l’amour! On accorde aucune importance à la noirceur des autres, on ne voit que des qualités, on ne voit que du bien, que de merveilles. Tout nous trouble. Tout nous renforce. Cela dit il faut aussi savoir qu’aimer dans ces temps n’est pas une partie de plaisir, il n’y-a pas d’amour heureux, il faut souffrir, il faut parfois mourir, devenir fou, signer un pacte avec le diable, revenir à Dieu, haïr, aimer à nouveau, redevenir fou, mourir encore, aimer.