Les Voies Impénétrables

Publié le par Nadir KATEB Auteur

Londres, le 12 octobre 2015

 

Il est dur de marcher et de se rendre compte que devant soi, la voie est déjà effacée, le passé n’est plus là, et le futur est incertain, une main l’a rayé, une main juste l’a complètement retiré du cadre et on se retrouve, comme au début, perdus.

 

Il faut tout de même avancer, nus et sans armes mais avancer quand-même, juste pour ne pas perdre cette illusion qu’est extrêmement légitime et admirable, l’illusion de vivre, pour ne pas perdre non plus la notion du temps, juste pour ne pas se perdre entre les gens, et se morfondre sur son sort pour des semblants de bonheurs inachevés, la vie est une arène et le gladiateur qui ne la respecte pas finira par être égorgé, déchiré en quatre et servi aux loups et aux chiens.

Il faut continuer à avancer pour ne pas perdre sa place entre les gens, des gens qui n’ont jamais pu servir à quoi que ce soit car on est bien peu de

choses, on le sait même si on continue de faire les malins, même si on sait que le monde sans nous continuera bien de tourner comme il a tourné des siècles, et la main qui effaça le passé avec tous ses époques, ses nuits lourdes de sommeil et de vide, de péchés et de souffrances, cette main pourrait, si elle le désirait, liquider l’éventuel, le possible en un rien de temps, il ne reste que agir, soulever les manches de son chemisier et élaborer un geste, faire un pas utile, car prier est un geste désespéré, les hommes qui ont marqué l’histoire ne l’ont pas fait avec des prières mais avec des actes et souvent avec des paroles car à l’époque ça valait la même chose.

La nuit s’approche, la nuit est inévitable mais lui faire face c’est comme défier un géant dieu grec devant une folle assistance qui désire du sang, voir de la souffrance dans les visages et un insensé châtiment.

Il est dur, dur de se lever un matin et de s’apercevoir que notre vie est tellement peu de choses et que nous devons, au nom de cette vie, peu importe notre philosophie, notre statut social, notre état mental ou notre conscience, nous devons nous souvenir toujours que nous ne sommes que des passagers dans une station oubliée dans l’espace, dans un temps, pire de ceux d’avant, moins pire encore de ceux qui arrivent, avec toute cette odeur de feu, avec toute cette lâcheté des hommes, le futur fait peur, il menace toute une civilisation d’une destruction certaine.

Extrait de la nouvelle L'Appel de l'Ange, Nadir KATEB / La Colline des Vents / Edilivre Editions / Juillet 2012

 

le penseur rodin auguste the thinker

Commenter cet article

M
Même un grain de sable est utile, garder l'espoir
Répondre
N
@maposie: Garder l'espoir et aimer car y-a pas plus beau ni plus noble que d'aimer...