L’inexcusable M. Silence

Publié le par Nadir KATEB Auteur

Barcelone, le 21 juillet 2016

Autant chéri dans les cathédrales de ma tendre enfance, autant détesté aujourd’hui ! Ce silence vénérable qui m’accompagnait dans ma chambre quand je lisais Proust, constant, Daudet, Corneille, Molière, … et d’autres amis lointains dans le temps comme dans l’espace. Ce silence qui m’accompagnais lorsque je réfléchissais, seul souvent, dans le creux d’une montagne égarée, à la création du monde, à Dieu ou à son absence, son indulgence parfois très injuste, sa clémence, son silence.

Certains s’amuseraient à l’appeler quiétude, ce calme, cet apaisement des sens que je considérais comme étant sacré, l’incarnation de la divinité suprême dans ce bas monde de médiocrité extrême ! Un silence qui, et sans ménagement et depuis peu de temps, me répugne et que je hais !

Qui a fait quoi ? Certainement pas moi !

Je suis tout sauf silence, je suis tout sauf quiétude et dans cette impénétrable solitude qui s’empare de mon être et qui le domine comme un vulgaire sujet abominable qui lui témoigne en retour toute la soumission et la servilité d’un adorateur vicieux courtisant les rêves impossibles d’un Dieu fait de marbre ou, va savoir, de chocolat !

Je crois que les gens ont trop pris à la lettre le conseil de Sénèque quand il disait « Pour faire taire autrui, commence par te taire »

Je veux parler, avoir des choses à dire, tant de choses à partager, tant de silences à violer, tant de misères à pleurer ! Ensemble, car oui il en faut un ensemble, sinon cela ne servira à rien de briser un culte fondé il y-a des milliers d’années pour séparer les gens !

Ce silence même qui crétinise des générations, qui brise des couples, qui tue des âmes qui n’osent pas car pour certains, le silence est un art, pour d’autre c’est une souffrance indélébile qui te poursuit dans l’âge le plus avancé et quand elle aura fini avec ton esprit, elle attaquera le cœur, cet imbécile lui sourit, lui obéit, elle le brise en mille morceau, et gagnera ta parole pour enfin la glacer, la dénaturer, la rendre bête et sans propos !

Il faudrait qu’on soit deux, trois, ou quatre, chacun de sexe différent, ou seulement tous des humains, le souffle haletant de trop vivre, de trop dire, de trop aimer, le cœur ouvert, les bras aussi, parfois les jambes aussi car ça aide à respirer et c’est bon pour la santé ! Disons-nous les uns les autres, parlons-nous, soyons jamais seuls, soyons jamais ce pourri SILENCE ! Soyons des mots qui osent, qui s’unissent et qui luttent pour tout ce qui nous est cher, pour tout ce qui est beau, pour tout ce qui brille.

 

 

Mikko In The Silence 2014

Mikko In The Silence 2014

Publié dans Les mots qui soignent

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